Avertissement

 

Le texte a été transcrit de façon à le rendre lisible, en respectant le plus possible l’auteur.

Chaque page correspond à peu près à la page originelle.

Les mots écrits droits et soulignés, sont des mots supposés correspondants au sens de la phrase.

Si vous parvenez à les lire, merci de nous en faire part.

 

* Bazile BAZIN est né le 8 octobre 1810  je ne sais pas où, et est mort le 17 décembre 1874 à Javernant au presbytère. Dans le texte il parle de son arrivée en 1851, ce qui nous donne la durée de son ministère à Javernant.

Marie, Rose Joffroy est décédée le 9 avril 1865 et dans l’inventaire, la rente a été donnée «  cette année », donc l’inventaire date de 1865.

 

Lexique

 

Définitions du « Petit Larousse »

 

Chape : Sorte de grand manteau d’église qui s’agrafe par devant

 

Corporal : Linge bénit sur lequel le prêtre pose l’hostie

 

Fabrique :( ou conseil de fabrique) Groupe de clercs ou de laïcs qui veillent à l’administration des biens d’une église

 

Purificatoire : Linge avec lequel le prêtre essuie le calice après la communion

 

Prône :Lecture des annonces faites chaque dimanche à la messe paroissiale.

 

Salpêtrière :Fabrique ou entrepôt de salpêtre.

 

Interprétations du transcripteur

 

Ejustem farinaé : Expression latine qui signifie « de même farine » c’est à dire sans intérêt.

 

Inter pocula : Expression latine qui signifie «entre les coupes»  c’est à dire « entre 2 verres »

 

Paroisse de Javernant érigée en cure en 1746

 

La paroisse de Javernant était avant 1746 dépendante de la cure de Saint Jean de bonneval. Le 27 octobre 1745, les habitants adressent une demande de séparation à Monseigneur de Chavigny. Alors l’évêque de Troyes a chargé Louis Bazin, manouvrier, de poursuivre l’érection auprès de monsieur Langlois, vicaire général, l’évêque étant absent. Le 29 octobre, monsieur le vicaire général envoie sur les lieux pour instruire le procès d’érection, monsieur Louis Jacques Vinot, docteur en théologie, chanoine et archiprêtre de l’église de Troyes. La démarche des habitants fut adressée à monsieur Michelin curé de St Jean de Bonneval et au révérend père Antoine Bérard de Villemereuil prieur et abbé de Montier la Celle de Troyes, qui formaient opposition à l’érection. Mais soit en vertu de cette opposition, soit pour d’autres motifs qui me sont inconnus, ce ne fut que le 5 août 1746, sur une nouvelle demande des habitants, que Javernant fut enfin érigée en paroisse indépendante par monseigneur Mathieu Poncet de la Rivière. Le couvent de Montier la Celle possédait à Javernant 18 arpents de vignes, une ferme et des terres. Quelques fragments dimpôts que j’ai trouvés parmi les comptes d’ un épicier de la localité, m’ont appris que les moines de Montier la Celle étaient tenus aux réparations du chœur de l’église et il paraît probable qu’ils avaient contribué pour une forte somme à sa construction car la pauvreté des habitants ne leur aurait pas permis de supporter tous les frais d’un édifice aussi important, si j’en crois le témoignage de quelques anciens.

Les verrières encore assez belles et nombreuses malgré les réparations faites en 1822, étaient plus nombreuses il y a 50 ans.

 

 

 

Circonscription

Javernant est borné au levant par Jeugny et St Jean de Bonneval, au midi par Crésantignes et St Phal, au couchant par Sommeval, au nord par Bouilly.

La partie rive gauche du hameau du Cheminot qui se trouve sur la route impériale allant d’Ervy à Troyes appartient à Javernant.

 

 

Population

La population décroît chaque année. Elle n’est actuellement que de 250 âmes. Tous les habitants professent la religion catholique. On ne trouve parmi eux aucune famille notable et toutes généralement sont dans un état d’aisance. On ne compte aucune famille indigente vivant d’aumône. La plupart sont vignerons et agriculteurs,

vivant du produit de leur travail et de leurs champs. Deux ou trois familles possèdent environ 150000 en bons francs

 

Histoire de la paroisse

La tradition de  ma paroisse ne m’a rien appris, sinon que dans les temps reculés tout le territoire de Javernant était implanté de vignes qui appartenaient en grande partie à quelques bourgeois de Troyes, au couvent de Montier la Celle comme nous l’avons dit plus haut. Tous avaient leur vigneron dans la localité. Mais dans la suite des temps, ces propriétaires ont vendu leur bien aux habitants et la révolution de 89 aidant, les propriétés du couvent de Montier la Celle sont aussi passées entre les mains de deux ou trois familles du pays qui les ont acquises de l’État à vil prix.

A l’époque de la révolution de 1789, monsieur l’abbé Gillet qui desservait Javernant a prêté serment à la constitution civile et pour justifier sa conduite il a cru devoir, au grand scandale de sa paroisse, changer la doctrine qui condamnait son action. On dit qu’il se serait marié ou qu’il vit scandaleusement avec sa servante. Lorsque son église, de par l’ordre de la Convention fut fermée, elle devint un atelier de salpêtrière et son pasteur ne rougit pas de travailler le premier à côté de trois ou quatre révolutionnaires, sur l’autel où naguère, il offrait la divine victime. Le langage qu’il tenait et que l’on répète encore aujourd’hui n’était rien moins qu’édifiant. Les âmes restées fidèles à leur Dieu et la foi de leur père refusaient son ministère. Les sacrements leur étaient administrés par monsieur l’abbé Boucher, curé de Crésantignes qui pour éviter la fureur révolutionnaire se cachait dans les environs.

 

 

Archives

Les registres de la catholicité antérieurs à 89 restent dans les archives de la municipalité qui s’en est emparés comme étant actuellement sa propriété. ceux qui précèdent la date de l’érection doivent, dit-on se trouver dans les archives de la paroisse de St Jean de Bonneval. Quelques feuilles volantes attestent les baptêmes et mariages de ceux qui ont reçu les sacrements sous le règne de la terreur, sont mêlés aux actes religieux mais sans date ni signature. C’est une simple attestation faite par je ne sais qui.

Je n’ai point trouvé de collation des actes épiscopaux antérieurs à mon affectation (1851) Je pense que mes prédécesseurs comme bien d’autres confrères les ont regardés comme leur propriété et les ont emportés.

Article 3

 

Je ne pense pas qu’il y ait ici des enfants qui n’aient été baptisés ni fait leur première communion parmi les adultes. Tous les enfants qui ont fait leur première communion depuis 1851 ont reçu les sacrements de

confirmation sauf deux exceptions. Avant cette époque 1850, Monseigneur Carier, d’heureuse mémoire a donné la confirmation à la plupart des femmes et des filles de la paroisse qui n’avaient pas encore été confirmées. Une retraite fut prêchée à cet effet par le père Tricon qui m’a dit n’avoir pas été sans résultat. Quelques hommes seulement ont ajouté leur voix et suivi les chants et le conseil. Ils ont tous, sauf un persévéré, mais aujourd’hui, ils goûtent la paix du Seigneur dans l’éternité. Ils ne sont pas remplacés.

Je ne vois pas de mariage civil qui n’ait pas été suivi d’un mariage religieux, ni aucun malade ne meure sans avoir reçu les derniers sacrements sinon ceux qui sont surpris par la mort. Pourtant je dois à la vérité ce dire que depuis huit ans, nous avons eu deux suicidés qui jouissaient de toutes leurs facultés intellectuelles avant la perpétration de leur crime.

 

 

Réception des sacrements

Comparativement à un grand nombre de paroisse du diocèse de Troyes, même du canton, Javernant reste une de celle qui assiste le plus assidûment à la messe tous les dimanches. Terme moyen le simple dimanche on peut compter vingt hommes et jeunes gens. Les femmes sont en plus grand nombre, on peut dire sans outrager la vérité que chaque dimanche, quatre neuvièmes de la paroisse accomplissent le troisième commandement de Dieu. Parmi ces assidus 40 ou 45 observent les deux commandements de l’église en se confessant et en communiant. Dans le temps pascal, cinq ou six communions aux principales fêtes et surtout aux fêtes de la Sainte Vierge. Si j’ai pu remarquer un peu de foi, je n’ai pas trouvé de piété vraie et éclairée.

Le nombre de baptêmes, mariages et sépultures se trouve dans le registre religieux dont le double est déposé au secrétariat de l’évêché. Je crois être dans le vrai en disant que terme moyen, les baptêmes et les mariages ne dépassent jamais trois. Dans un temps bien rapproché, ils n’excédaient pas deux. La cause se devine facilement. Les sépultures sont de trois ou quatre. Je ne rencontre que très rarement des parents demandant le service de six semaines et moins encore le bout de l’an. Quelques unes se contentent d’un 31 et d’autres d’un annuaire qui consiste à chanter

pendant un an à l’issue de la grande messe un miserere ou les litanies de la Sainte Vierge.

Ici comme ailleurs, malgré quelques pratiques religieuses héréditaires, la foi est rarement célébrée. J’ai pu remarquer, dans certaines familles qui habitent le village depuis un temps plus ou moins éloigné, une grande hostilité à la religion et dans un grand nombre d’autres, une suprême indifférence. Parmi les causes de cette hostilité et de cette indifférence on peut citer en première ligne une profonde ignorance qui ne saurait être vaincue parce qu’elle est volontairement commode, la lecture de mauvais livres trop nombreux, les rapports de mes paroissiens avec les hommes de déboires, surtout de la ville, irréligieux par cela et surtout par intérêt. Les sociétés secrètes en subversion qui recrutent des membres dans nos plus petits hameaux, les cabarets ou cafés aujourd’hui se substituent à l’église où chaque dimanche Inter pocula on passe en revue les prônes du curé et où on tourne en ridicule, bafoue les quelques âmes fidèles à remplir leur devoir religieux. Aussi sommes nous obligés pour éviter la défection, de ménager une foi chancelante, de donner les sacrements en secret. A  toutes ces causes on peut en ajouter,  la dévotion de nos paroissiens, au Dieu Marmotte qui comporte passablement d’adorateurs ici.

 

Confréries

Il existe dans la paroisse de Javernant la confrérie du Saint Rosaire canoniquement établie par Monseigneur du Bellay. Les femmes ou filles et deux ou trois jeunes gens âgés de 12 ou 13 ou 14 ans la composent. Aujourd’hui la plupart de ses membres sont morts ou ont quitté la paroisse. Ceux qui nous restent ne sont point très fervents, plusieurs même n’ont jamais fait leurs pâques. Je n’ai pas osé faire de quête ni aucune offrande. J’ai cru devoir engager une quinzaine d’associés, les mieux disposés à composer entre nous une association dont chaque membre s’engage à réciter tous les jours, une dizaine de chapelets afin d’obtenir, par l’intercession de la Sainte Vierge, la grâce d’une bonne mort. Je pense que le petit nombre de mes co-associés sont fidèles à remplir leur engagement. Indépendamment de ces confréries, nous avons encore chaque année la confrérie de St Vorles, patron secondaire à celle de Notre- Dame de Javernant, patronne de la paroisse. Le dimanche qui suit le 16 juin et le jour de l’Assomption, tous ceux qui veulent faire partie de des susdites confréries dans le courant de l’année qui suit, se font inscrire en faisant une offrande volontaire qui est déposée dans la caisse de la Fabrique et dans celle des Filles du Chapelet. ces offrandes réunissent, présent produit, chaque année 30 f.

 

 

Instruction religieuse

 

Je ne saurais trop préciser le défaut d’instruction religieuse de ma paroisse dans les personnes déjà âgées, pourtant je crois pouvoir dire avec vérité que ceux qui ont atteint 40 ans et au-dessus sont passablement ignorants. La génération qui suit l’est peut-être un peu moins mais n’en est pas meilleur pour cela. Les quelques enfants de la paroisse qui n’ont pas fait leur première communion assistent au catéchisme tous les dimanches sans interruption et un jour dans la semaine, l’année qui précède la première communion. Il y a, soit paresse dans les enfants, soit indifférence dans les parents, ce qui est probable. Il n’est pas rare de rencontrer des enfants qui paraissent avoir fait vœu de ne jamais apprendre un mot de catéchisme. Et si le curé refuse d’admettre ces indociles à l’époque de la première communion, ils trouvent ailleurs le moyen d’obtenir en quelques mois sous le prétexte d’aller en pension, le diplôme d’un enfant comme il faut. La plupart de mes paroissiens attachent peu d’importance à cet acte solennel de la vie de leurs enfants et ne regardent la première communion que comme un passeport pour le monde. La première communion faite, ces enfants nous reviennent couronnés d’une profonde ignorance et d’un souverain mépris pour ce qui leur semble religieux. Ceux qui nous sont confiés, sur lesquels nous pouvons conserver quelque autorité, fréquentent le catéchisme un an après leur première communion.

 

 

École – Pension – Bibliothèque

 

Il n’y a qu’une seule école dans la paroisse pour les deux sexes. L’hiver on y compte 30 enfants qui reçoivent la leçon de l’instituteur. Je fréquente l’école en temps opportun. Je fais même quelque fois le catéchisme aux petits enfants les jours de froid ou pluvieux car l’église étant très humide, les jeunes enfants ne pourraient y venir sans être incommodés. Nous n’avons ni pension, ni œuvre de charité, ni bibliothèque communale, ce dont nous pouvons facilement nous passer. Mes paroissiens lisent l’hiver, quelques vieillards, la vie des saints ou l’écriture sainte, les jeunes gens, amis du progrès, des romans illustrés tels que La tour de Nesle, Le masque de fer et autre ejustem farinaé. J’ai même trouvé de ces productions dans les mains des enfants la veille de leur première communion.

 Mes observations à ce sujet ont été fort nombreuses. Il faut, disent ces parents si âgés, former de bonne heure l’esprit des enfants, il est bon qu’ils sachent un peu de tout. J’ai essayé bien des fois de leur passer de bons livres qu’ils m’ont refusés comme venant d’un curé qui cherche à les embrigander.

 

Deuxième section, culte

Le personnel, les édifices paroissiaux, la fabrique

Curé, vicaire

Un seul curé suffit pour l’administration de la paroisse, donc point de vicaire ni de prêtre habitué.

Outre le traitement de l’État, le curé reçoit de la commune à titre de supplément 200 f dont une partie est employée à payer l’imposition du presbytère, les prestations du curé, voir même la taxe dont la garderie du presbytère n’est pas exemptée. Les messes rétribuées sont peu nombreuses. Je ne sache pas en recevoir, année commune plus de 50. Il touche une somme affouagère tous les deux ans. Le curé jusqu’alors a reçu sa portion gratuitement. Elle peut valoir 30 f. Il reçoit en outre au moment de la récolte, une offrande de vendange. Ce produit spontané varie selon le plus ou moins d’abondance. Le bon ou mauvais vouloir des paroissiens qui se montrent assez généreux quand nombre d’enfants fréquentent le catéchisme ou si à l’époque de la cueillette ils sont visités par une maladie qui exige les conseils de leur curé. mais leur générosité s’étiole quand les causes ont cessé d’exister.

 

Bas chant

Le bas chant se compose de deux chantres rétribués par la commune et qui reçoivent 12 à 15 f. occasionnels, puis aussi de quelques enfants de chant que l’on trouve difficilement vu le petit nombre d’enfants dans la localité. Deux marguilliers volontaires aident le curé le dimanche à préparer l’autel et tout ce qui concerne le culte.

 

Article 2  Édifices paroissiaux Églises

Église.

L’église Ste Marie de Javernant remonte à la fin du XV siècle ou au commencement du XVI. On le reconnaît à son style qui est le style flamboyant de cette époque. On possède d’ailleurs une pierre de l’ancien autel érigé suivant une inscription l’an 1560. Il est probable que c’était à l’époque de la construction de l’église. L’église de Ste Marie a la forme d’une croix latine. Elle n’a qu’une nef. Le transept est formé par deux chapelles à peu près aussi larges que la nef. C’est ce qu’on peut voir sur

 

 

 

 

 

l’espèce de plan plus loin inclus, qui donnera une idée approximative de sa disposition tant intérieure qu’extérieure.

A l’extérieur l’église offre rien de bien remarquable sinon son clocher dont la flèche de forme octogonale est élevée sur plusieurs colonnettes qui n’ont qu’un mètre 30 c de hauteur. La tour n’a point de cloche mais conduit au clocher placé au milieu de la nef. Le portail aujourd’hui très mutilé a du être fort beau, on y voit encore des statuettes bien conservées. Adam et Ève exposent leur péché à quelque autre dame de noble fortune.

A l’intérieur, l’église présente un coup d’œil assez beau. Le chœur possède une belle verrière. Elles sont au nombre de trois. Celle du milieu représente le couronnement de la Ste Vierge par la Trinité, le jour de son Assomption en présence de tous les bienheureux. Le vitrail de droite reproduit les principaux traits de la vie de saint Jean Baptiste. Celui de gauche n’est formé que de débris d’anciens vitraux, sept ou huit personnages, de l’arbre généalogique de Jessé et la tradition des anciens de la paroisse qui prouvent d’une manière incontestable qu’autrefois l’arbre généalogique était complet.

Le maître autel doré à plein, bien qu’il appartienne au style du XVIII siècle fait cependant bon effet dans l’abside gothique de l’église de Javernant. Il renferme trois parties distinctes : le tombeau ou l’autel proprement dit, le tabernacle et le retable sur lequel le tabernacle se détache et dans lequel il semble encadré. Sur le tabernacle et le retable sont sculptées plusieurs statuettes et au dessus du tabernacle apparaît un bas relief représentant un ostensoir qui disparaît au jour des grandes fêtes où il y a salut et exposition du Saint Sacrement, et laisse une exposition à découvrir. de chaque côté du retable sont représentés à genoux et les mains jointes, deux anges adorateurs également dorés. Ils sont dus à la générosité de monsieur l’abbé Prévost et de madame Bazin-Souverain à l’occasion d’une bénédiction de cloche dont ils étaient le parrain et la marraine.

Les autels de droite et de gauche renferment des statues de saints les plus vénérés du diocèse. Dans la partie du transept qui se trouve sur la gauche en entrant on contourne une curieuse statue de la forme de celle de St Bernard de St Loup qui est à la bibliothèque de Troyes.

 

 

 

 

 

 

 

Cimetière

 

Le cimetière est contigu à l’église et est plus que satisfaisant actuellement pour la population. Néanmoins il arrivera probablement que dans un temps plus ou moins reculé il deviendra exigu car depuis 15 ou 20 ans, les principales familles demandent une place séparée du rang ordinaire et légal qu’elles obtiennent facilement moyennant une somme modique dont la moitié est versée dans la caisse de la fabrique, d’après une délibération du conseil municipal de 1856. Un espèce de fermage est ainsi versé pour les 30 premières années de possession. Le locataire est tenu de payer 40 f pour deux mètres superficiels, 20 f pour un m et tous les 20 ans indéfiniment, moitié de la somme première. Faute de payer, le propriétaire ou la parenté qui ont fait ériger le monument sont tenus de l’enlever dans les huit jours qui suivent la sommation.

Le cimetière n’est pas clos, un chemin de pied très fréquent y est même toléré et quelque fois aussi on y passe avec une voiture chargée. Monseigneur C…. lors de sa visite pastorale à Javernant avait réclamé de la municipalité une clôture qui a été promise mais qui reste encore à faire.

 

Presbytère

 

Le presbytère qui appartient à la commune est isolé. Il est construit au milieu de 38 ares environ de terrain entouré d’une haie vive. Il est composé de quatre pièces. Deux chambres à coucher dont l’une sert de salle à manger, d’une cuisine et d’un cabinet pour la domestique. Aux deux bouts du bâtiment sont le bûcher et une vinée. Deux caves assez vastes et commodes sont creusées sous une grande partie du bâtiment. Des réparations assez importantes ont été faites en 1852.

 

 

Article III   Fabrique

État de ce qu’elle possède

 

En compulsant le registre de la fabrique je la trouve fonctionnant légalement à l’époque de son institution.

Monsieur l’abbé Gabriel ancien religieux des Prémontrés arrive justement au rétablissement annuel après le concordat. Les actes des délibérations signés par lui et par tous les membres du conseil en nombre légal attestent l’établissement de la fabrique suivant la loi portée pour cet établissement.

La fabrique possède la nappe d’autel, 12 assiettes, 3 couronnes, deux douzaines de purificatoires, un corporal pour chaque ornement, 4 ornements blancs dont l’un en drap d’or assez riche pour les grandes fêtes, 2 ornements rouges, un violet plus usé mais encore convenable, un vert de même valeur, un noir déjà fatigué, 4 parures , une chape qui a vieilli. En somme la fabrique possède le nécessaire.

Sur le retable des autels collatéraux sont placés des groupes de statues sans mérite artistique quelques unes même, à mon avis devraient disparaître à cause de leur forme grotesque mais il ne serait pas prudent de le faire. Il faut pourtant excepter un St Nicolas qu’un artiste troyen estime. Au dessus de la porte de la sacristie se trouve une pierre tombale dont monsieur Darbois n’a pu lire l’inscription en gothique.

Deux reliquaires en bois badigeonnés de rouge et de blanc sont posés au bas des fenêtres du chœur. Je crois qu’ils renferment des reliques de St Charles et St Antoine. L’examen qu’ils ont subi de l’autorité diocésaine en 1850 dit dans les procès verbaux qu’elles sont authentiques mais à revoir entre parenthèses. Nous ne possédons point d’orgue ni d’objets précieux, ni d’armoire fermant à trois clefs. Les produits des quêtes ou autres sont remis au trésorier qui tient un registre double de l’état des recettes et dépenses, et chaque année à la séance de quasimodo, il établit avec le conseil, son état de rentrées dépenses inscrites au registre de la fabrique restant à la sacristie. L’excédent lui est laissé et il est tenu de le reproduire chaque année en espèce ou en quittance justifiant qu’il a dépensé pour le compte de la fabrique la somme dont il était dépositaire. Cette mesure a été prise il y a longtemps afin d ‘éviter l’excitabilité du pillage dans les troncs que la presse périodique, la gazette des tribunaux, enregistre trop souvent dans leurs colonnes. Ce mode quoiqu-illégal a été jugé plus sûr par le conseil que j’ai essayé plusieurs fois de faire rentrer dans la légalité mais ma voix n’a pas trouvé d’écho.

 

 

Revenus  Charges

 

Outre le produit des quêtes, de la vente des pains bénis et la location de bancs, la fabrique possède un titre de cinq francs de rente annuelle laissée par la demoiselle Rose Joffroy, cette année, à la charge et conditions de faire acquitter tous les ans à perpétuité, une messe basse pour le repos de son âme le jour de sainte Rose si ce jour n’est pas empêché ou si il est mis  un jour suivant. La location des bancs concédée le jour de Pâques 1864 pour un bail de 12 ans produit annuellement environ 120 f quand tous les locataires veulent payer, peu s’y refusent. La quête et le pain béni 80 f autres droits affectés à la fabrique pour les mariages et enterrements par une délibération de son conseil (1844)

Ces revenus réunis avec ceux dont nous avons parlé plus haut peuvent monter, en bonne année, à 380 f  mais comme nous n’avons pas de charges cette modique somme suffit pour l’entretien du culte et nous prions pour avoir un peu d’économie toutefois pour pouvoir consacrer trois ou quatre cents francs à l’embellissement de l’église.

 

  Retour